Principes de la cueillette honorable

Source de notre vie, la nature nous offre de nombreux remèdes. Bien que par sa force, elle nous survivra sans aucun doute, ses dons peuvent néanmoins disparaitre face à notre appétence. Je souhaite à ce sujet vous partager une traduction des principes de la cueillette honorable issus du livre Braiding Sweetgrass : Indigenous Wisdom, Scientific Knowledge and the Teachings of Plants de Robin Wall Kimmerer.

Les principes de la cueillette honorable ne sont pas écrits, ni même évoqués dans leur globalité – ils sont renforcés au travers des petits actes de la vie quotidienne. Mais si vous deviez les lister, ils pourraient ressembler à ceci : 

  • Connais les façons d’être de celles et de ceux qui prennent soin de toi, pour que tu puisses prendre soin d’elles et d’eux en retour. 
  • Présente-toi. 
  • Sois redevable, comme celle ou celui qui vient demander la vie. 
  • Demande la permission avant de prendre. 
  • Respecte la réponse. 
  • Ne prends jamais la première plante, ni la dernière. 
  • Prends seulement ce dont tu as besoin. 
  • Prends seulement ce qui est donné. 
  • Ne prends jamais plus de la moitié. 
  • Laisses-en pour les autres. 
  • Récolte de la façon qui fais le moins de mal. 
  • Utilise-le avec respect.  
  • Ne gaspille jamais ce que tu as récolté. 
  • Partage. 
  • Remercie pour ce qui t’a été donné. 
  • Fais un don, en réciprocité de ce que tu as pris. 
  • Soutiens ce qui te soutient et la planète vivra pour toujours.

Les directives de l’État sur la chasse et la cueillette sont basées exclusivement sur le domaine biophysique, tandis que les règles de la cueillette honorable sont basées sur la redevabilité envers les mondes physique et métaphysique. Prendre une autre vie pour subvenir à tes besoins est bien plus significatif lorsque tu reconnais les êtres qui sont récoltés comme des personnes, des personnes non humaines dotées de conscience, d’intelligence, d’esprit – et qui ont des familles qui les attendent à la maison. Tuer quelqu’un.e implique autre chose que de tuer quelque chose. Lorsque tu considères ces personnes non humaines comme des parents, un autre type de réglementations apparaît au-delà des quantités limites de récolte et des saisons légales. Les réglementations de l’État sont, en gros, des listes de pratiques illégales : « Il est illégal de garder une truite arc-en-ciel dont la longueur du museau à la nageoire postérieure ne dépasse pas douze pouces. » Les conséquences d’une infraction à la loi sont clairement stipulées et impliquent une transaction financière après une visite à ton sympathique Agent de conservation.

Contrairement aux lois des États, la cueillette honorable n’est pas une politique légale appliquée, mais c’est néanmoins un accord entre les personnes et plus particulièrement entre les consommateurs/trices et les fournisseurs/euses. Et les fournisseurs/euses ont le dessus. Le cerf, l’esturgeon, les baies et les poireaux disent : « Si vous suivez ces règles, nous continuerons à donner nos vies pour que vous puissiez vivre. » L’imagination est l’un de nos outils les plus puissants. Ce que nous imaginons, nous pouvons le devenir. J’aime imaginer ce qui se passerait si la cueillette honorable était la loi du pays aujourd’hui, comme c’était le cas dans notre passé. Imaginez si un promoteur immobilier, à la recherche d’un terrain pour un centre commercial, devait demander à la verge d’or, aux alouettes et aux papillons monarques la permission de prendre leur terre natale. Et s’il devait se conformer à la réponse ? Pourquoi pas ?

Robin Wall Kimmerer

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